Jérémy Chereau : Tractoriste, chef d’équipe au Domaine des Mariniers
Depuis 2012 qu’il a intégré la maison Joseph Mellot, Jérémy Chereau est devenu un tractoriste émérite, et c’est toujours avec plaisir et concentration que le trentenaire grimpe dans la cabine de son enjambeur.
Les tracteurs de viticulture ont la spécificité d’être conçus pour enjamber les rangs de vigne, d’où leur nom. Avec leur centre de gravité très haut, ils sont délicats à conduire, et ne peuvent circuler dans les vignes que lorsque les sols sont stables. Quand le terrain est détrempé, impossible d’utiliser ce véhicule, au risque de tasser la terre, ou de glisser, ce qui pourrait abîmer la vigne, le matériel ou provoquer un dévers du tracteur.
Avant de se hisser sur le siège de son enjambeur, Jérémy s’attache à observer et à étudier les sols et la vigne, pour prendre la bonne décision. « C’est primordial, car un travail bien fait, une terre travaillée correctement, une parcelle bien suivie… favorisent le cycle végétatif de la vigne, et donc la qualité du raisin ». Et c’est d’autant plus vrai encore sur le Domaine des Mariniers, en AOC Pouilly-Fumé, qui a entamé sa conversion en agriculture biologique.
Les 4 saisons d’un tractoriste
L’année viticole démarre au printemps, par le désherbage mécanique : selon la vigueur de la vigne et la pente de chaque parcelle, le tractoriste désherbe sous le rang avec un outil appelé « Interceps », et parfois entre les rangs, à l’aide d’un « Canadien ». Ce travail se poursuit tout l’été.
Il s’emploie ensuite aux travaux en vert, effectués manuellement. Il s’agit de procéder à l’ébourgeonnage et à l’accolage, c’est-à-dire au relevage des fils pour redresser les rameaux de vigne.
Parallèlement, de juin à août, l’enjambeur sert à rogner la vigne, c’est-à-dire à couper les tiges qui partent en hauteur, et à tondre la végétation qui pousse entre les rangs.
Jérémy, en concertation avec Laurent Goussard, chef de culture de la Maison Joseph Mellot, décide après observation, de certaines actions préventives, réalisées seulement si nécessaires, et dans le respect des règles de l’agriculture biologique : « du cuivre contre le mildiou, du soufre pour lutter contre le développement de l’oïdium. Et c’est tout », précise Jérémy.
Début septembre, vient le temps des vendanges, mécaniques au Domaine des Mariniers. Là encore, comme pour chaque intervention, il faut de l’expérience pour faire les bons réglages qui permettront de récolter les raisins, sans abîmer la vigne. Pendant une bonne quinzaine de jours, les vendanges battent leur plein, en fonction de la maturité des grains. Parcelle par parcelle, la date de vendanges est décidée collégialement, après analyse des grains, avec Laurent Goussard, et Norbert Buchonnet, chef de cave et œnologue de la Maison Joseph Mellot.
Une fois les vendanges terminées, le tractoriste retourne dans les vignes, pour arracher les pieds morts et creuser l’emplacement du jeune pied de vigne qui y sera planté ultérieurement.
Après la taille manuelle des vignes en janvier et février, les bois sont tirés et disposés en andains entre les rangs : c’est une bande continue de sarments laissés entre les rangs, que le tractoriste broie l’hiver et au début du printemps, afin de restituer de la matière organique au sol.
Au cœur de l’hiver, avant la reprise d’un nouveau cycle végétatif, Jérémy retourne dans les parcelles avec son tracteur pour procéder, si besoin, à l’épandage de fumier ou d’engrais organiques pour préparer le sol à favoriser la bonne croissance de la vigne.
« J’aime mon métier, parce qu’on s’occupe toujours des mêmes vignes, mais les tâches sont variées, et chacune d’elles a du sens. La seule difficulté, c’est de savoir prendre la bonne décision au bon moment » conclut Jérémy qui mène la petite équipe de tractoristes rattachés au Domaine des Mariniers.
4 questions à Jérémy Chereau, tractoriste, chef d’équipe au Domaine des Mariniers
Votre panorama préféré sur les vignes et la Loire ?
Depuis Saint-Andelain, on embrasse une vue formidable sur nos vignes, Sancerre et les bords de Loire, c’est tout simplement magnifique. J’aime aussi beaucoup les bords de Loire pour leur côté sauvage et les vues qu’ils offrent, et inversement, la Loire que l’on voit serpenter depuis les vignes.
Votre saison préférée ?
L’hiver ! Pour ses gelées blanches matinales, qui transforment les paysages, surtout quand le temps est froid et sec et qu’un rayon de soleil fait scintiller la végétation givrée. Et aussi pour le silence qui règne sur la nature : c’est une sorte de paix, un calme que j’aime, comme un temps suspendu.
Votre cuvée préférée ?
Notre Pouilly-Fumé AOC Le Troncsec, que j’aime beaucoup. Je l’apprécie seul, ou en « casse-croûte » avec un bon Crottin de Chavignol AOP. A table, c’est indéniablement mon vin favori avec le poisson, et notamment avec une belle truite sauvage.
Votre geste éco-responsable quotidien ?
Dans ma vie personnelle comme au travail, je veille à ne jamais consommer plus que nécessaire.